Au « Royaume dans le ciel » les nuages semblent tout proches, le ciel sous les étoiles immense. Les couleurs des paysages, la lumière sur les montagnes et la beauté sauvage du pays frappent les visiteurs de passage, qui doivent s'élever sur les hauteurs pour en découvrir les beautés. Le Lesotho, situé à plus de 1 400 mètres d'altitude est une enclave totale en Afrique du Sud. Sa capitale, Maseru, située sur la frontière avec l'état du Free State est populeuse et authentique, avec ses marchés anarchiques et colorés – les villageois des montagnes viennent y vendre leur artisanat, leurs fruits et légumes – ses minibus surpeuplés, son ambiance désordonnée et joyeuse. En s'éloignant de Maseru vers le centre, on découvre les premiers sommets du pays, ses paysages de haut pâturages où paissent les brebis, et les petits villages de huttes traditionnelles en terre séchée et toit de chaume accrochés à la montagne. Une fois dans les montagnes derrière votre guide, à pied ou à cheval, vous serez surpris par le monde que vous croiserez, un berger Par-ci, des enfants par-là... et surtout saluez-les bien d'un sommant « dumela » (bonjour !) car la salutation est très importante chez les Sothos.
D'une superficie d'un peu plus de 30 000 km², le pays surnommé le « toit de l'Afrique » est totalement enclavé dans les montagnes. Ouvert sur le Free State, la route de Ladybrand à Maseru constitue la principale porte d'entrée du pays. C'est la partie la plus peuplée (car la plus basse) tandis que 80 % du pays n'est qu'une chaîne de montagnes (les Malotis) traversée par seulement deux routes pour les 4x4 bien rodés. Le versant sud du pays est très abrupt, et seulement deux accès sont possibles depuis le Kwazulu-Natal via le Sani Pass et le Qacha's Nek en 4x4 ou à pied suivant des routes vertigineuses. Les paysages alternent entre montagnes aux sommets plats (mesas) et ravins qui fendent la montagne, creusés par les torrents d'eau qui s'y déverse pendant la saison des pluies. Le sol aride et pelé s'érode très vite, les failles sont impressionnantes, et quelquefois les routes sont détruites par l'avancé de l'eau. Les seuls arbres sont situés en basse altitude ou dans le fond des vallées. si la montagne la plus haute, le Thabana Ntlenvana, culmine à 3 482 m, le Lesotho compte d'innombrables montagnes, dont les plus spectaculaires sont au sud du pays, comme les cols de Mahlasela Pass (3 222 m), le Sani Pass (2 900 m), le Monteng Pass (2 820 m), le Blue Mountain Pass (2 641 m) – ne riez pas – God Help Pass (2 318 m), le Bushman's Pass et enfin le Qacha's Nek (1 980 m).
La saison la plus chaude, d'octobre à avril, est aussi synonyme de saison des pluies, ou plutôt d'orages extrêmement violents, car le Lesotho est entouré de régions où il fait extrêmement chaud et humide, créant un différentiel de chaleur énorme. Les paysages sont alors fantastiques, sous la lumière du soleil avant la tempête, ce qui peut arriver plusieurs fois par jour sous forme de pluies torrentielles courtes et d'éclairs fendant le ciel, inoubliable. C'est à cette saison que l'on vous conseillera d'y aller, muni d'un K-way, voire d'un poncho et de bonnes chaussures de marche. Il fait assez chaud pour se promener et les journées sont longues. Il faudra prévoir de rester plusieurs jours à chaque endroit, la météo étant capricieuse. Consolation, les nombreuses cascades sont très impressionnantes pendant la saison des pluies. L'autre saison n'est pas très enviable : en hiver, de juin à août, alors qu'il fait un climat tropical dans le Kwazulu-Natal, on peut voir les sommets enneigés au Lesotho. Il fait des températures minimales, jusqu'à - 20 °C en altitude. Il neige beaucoup et les conditions de vie étant rudimentaires, le voyage sera difficile. Si vous partez faire du ski à Afriski près d'Oxbow, le matériel et les vêtements se louent sur place.
On ne trouve pas des Sothos simplement au Lesotho, on distingue d'abord les Sothos du nord près du parc Kruger dans le Mpumalanga et les Sothos du sud, et parmi eux, certains vivent dans le Qwaqwa, une zone bantoustan définie par le régime d'apartheid à l'est du Lesotho dans le Free State, et qui correspond à la zone historique d'habitation des Sothos avant l'invasion des Boers. Quelques européens amoureux des montagnes vivent ici, surtout des Français et des Suisses ! Ainsi que quelques centaines d'asiatiques. Le pays qui compte un peu plus de 2 millions d'habitants est rural à 75 %. La plupart des villageois sont des bergers qui vivent de l'élevage. La population est très jeune, près d'un tiers ont moins de 15 ans. Environ 90 % des Lesothans sont chrétiens, ceci est dû à l'implantation historique des missionnaires français et suisses, 45 % sont protestants, 25 % évangéliques et 45 % catholiques. Près de 10 % de la population est musulmane, hindouiste ou bouddhiste. Sachez que 85 % des plus de 15 ans savent lire et écrire. C'est d'ailleurs l'un des taux les plus élevés en Afrique, le pays investissant beaucoup dans l'éducation. Malgré un bon niveau d'enseignement, la population lutte pour avoir accès à des services vitaux tels que la santé ou Internet.
Les bergers sont habillés de façon assez originale : vous serez frappés par leurs couvertures colorées, portées comme une cape, de fabrication locale en laine et mohair, qui sont reconnaissables de loin dans les montagnes. Ces couvertures bien chaudes et de grande qualité se vendent sur les gros marchés du centre de Maseru, car elles ne sons pas spécialement fabriquées pour les touristes, mais pour les habitants. Populaire également en Afrique du Sud, ce type de couverture a été introduit par les Anglais à des fins commerciales, mais au cours du temps, il s'est enraciné dans la culture basotho en tant que vêtement décontracté ou formel. Les bergers portent aussi des chapeaux (makorotlo), des bâtons sothos (molamo) et des bottes, plus pratique dans la montagne quand il pleut des trombes.
Les instruments traditionnels de la musique lesothane sont le Lekolulo, sorte de flûte, le Seolo-tolo une harpe, les deux jouées par les garçons, et l'instrument à cordes Thomo joué par les femmes. Comme dans les régions voisines (le Kwazulu-Natal par exemple), les chants religieux sont très populaires, des chants polyphoniques du gospel africains s'écoutent dans les villages à l'église, à la radio, au lodge, bref partout ! Le plus populaire est le famo, un style contemporain inventé par les Sothos combinant accordéon et batterie locale faite avce des bidons d'huile. Le plus connu est le groupe Mosotho Chakela, qui vient enflammer chaque année le Morija Art & Cultural Festival, le plus important du pays. Dans les sheebeens de montagne, on fait la fête jusqu'au matin : fomo kwaito, deep house, les jeunes dansent avec leurs tenues traditionnelles sur des musiques d'aujourd'hui.
On peut d'abord se demander : pourquoi l'existence d'un tel pays enclavé dans l'Afrique du Sud ? Est-ce géographique, en raison des hautes montagnes presque inhabitées du pays ? Ses habitants sont-ils des esclaves affranchis ou des rebelles ayant fui l'apartheid ? Pas du tout. Son existence est beaucoup plus ancienne. Historiquement, les Sothos du Sud vivent là depuis le XVe siècle, et se jouèrent du conflit opposant les Anglais et les Boers (Hollandais) dans la conquête coloniale de l'Afrique australe au XIXe siècle, grâce à des alliances stratégiques. Ils gagnèrent leur indépendance un siècle plus tard, en 1968.
Les peuples originels. Le Lesotho a d'abord été peuplé par les chasseurs-cueilleurs Koisan (des Sans), les ancêtres des Bushmen qui occupaient toute la partie australe du continent africain avant l'invasion des peuples bantous, spécialement les Sothos tswana dans la région du IIIe au XIe siècle. Repoussés d'abord dans ces montagnes où ils vécurent en autarcie des milliers d'années, il subsiste aujourd'hui quelques tribus aux confins du désert aride du Kalahari. Il reste de leur présence dans ces hautes montagnes vertes d'importantes peintures rupestres bien conservées un peu partout sur les hauteurs du pays. Les Sothos, des éleveurs d'abord installés dans des plaines plus riantes, furent chassés par les Zoulous eux-mêmes poussés vers l'intérieur des terres par les Anglais et les Boers. Ils se réfugièrent dans les monts Maloti (l'actuel Lesotho) d'où ils chassèrent à leur tour les Bushmen. A partir des années 1820, Moshoeshoe Ier, chef de la tribu kwena (« crocodile ») parvint à unifier 23 tribus de Sothos du sud pour former une résistance efficace aux assauts du roi Shaka Zulu.
L'invasion des Boers et la création du Basotholand. Les missionnaires protestants parisiens Thomas Arbousset, Eugène Casalis et Constant Gosselin s'installèrent à Mojija avec la bénédiction du roi. Ils commencèrent un long travail d'orthographe du langage Sotho dont des travaux furent imprimés de 1837 à 1855. Plus étonnant encore, Casalis jouait le représentant des affaires étrangères et se procura des armes pour aider les Basothos à lutter contre les Européens !
Les Boers, alors en pleine conquête des terres de l'intérieur du pays lors du Grand Trek » étaient en guerre contre les Anglais. Ce sont pourtant ces derniers qui reconnurent en 1852 la création de la République d'Afrique du Sud (Transvaal) et en 1854, la création de l'Etat libre d'Orange. Face à la création de cet état (l'actuel Free State), les relations dégénérèrent rapidement en guerre des frontières. Depuis leur refuge dans les hauteurs de Thaba Bosiu, les Basothos demandèrent habilement, sur conseil des missionnaires français, le protectorat de la Reine d'Angleterre Victoria en 1868, offrant une position tactique à l'ennemi depuis ses montagnes. Le Roi perdit néanmoins la moitié de son territoire, car la riche vallée de Caledon fut annexée par les Boers dans la signature du traité d'Aliwal entre les Anglais et les Boers en 1869, qui avait pour but de définir les frontières du protectorat du Basutholand. Mais la tactique et le sacrifice furent payants puisqu'un siècle plus tard, en 1966, le Basutholand gagna son indépendance pour devenir le Lesotho. La conquête de la liberté fût longue et pleine de rebondissements. Les Boers placèrent sous l'autorité de la colonie du Cap le royaume à peine 3 ans après l'accord, provoquant une rébellion sans précédent.
Copyright Dominique Auzias - Jean Paul Labourdette
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